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Relever le smic à 1 600 euros, bloquer les prix des produits essentiels, baisser la TVA sur les produits énergétiques, relever le plafond de la prime de partage de la valeur, indexer les salaires sur l’inflation : les programmes des partis pour les élections législatives mettent nettement l’accent sur l’amélioration du pouvoir d’achat des Français. A juste titre. Deux ans de forte inflation ont mis en difficulté des millions de ménages, qui peinent aujourd’hui à maintenir leur niveau de vie d’avant-crise.
Mais le pouvoir d’achat est la résultante d’autres choix économiques, qui permettent aux entreprises de produire plus et mieux, et donc de dégager plus de revenus à redistribuer à leurs travailleurs, à arbitrage constant entre profit et salaires. La France s’est distinguée sur ce point ces dernières années, et pas pour le meilleur. Depuis 2019, le produit intérieur brut (PIB) rapporté au nombre d’emplois a progressé de 6 % aux Etats-Unis, a peu ou prou stagné en zone euro (− 0,4 %), mais a baissé de 3,5 % en France. On peut y voir une conséquence du Covid-19 sur les politiques de ressources humaines des entreprises, ou un effet de l’essor – bienvenu – de l’alternance en France.
Mais cette évolution inquiétante peut aussi s’interpréter comme un retard pris sur les entreprises américaines en matière d’innovation, de robotisation, d’adoption des nouvelles technologies. Ce retard se manifeste aujourd’hui par le décrochage brutal de l’économie européenne face aux Etats-Unis : entre 2010 et 2023, le taux de croissance cumulé du PIB a atteint 34 % outre-Atlantique, contre seulement 21 % dans l’Union européenne et 18 % dans la zone euro. Selon le FMI, le PIB par habitant en France est de 58 650 dollars (54 506 euros), contre 81 630 dollars aux Etats-Unis. Autant que les salaires poussifs qui ont contraint les Français à réduire leur consommation durant les deux années écoulées, cet écart croissant avec d’autres puissances économiques alimente le sentiment de déclassement qui nourrit le vote aux extrêmes.
Améliorer le pouvoir d’achat sur le long terme exige donc d’autres mesures que le blocage des prix ou l’augmentation, fût-elle substantielle, d’une prime. L’appareil productif, pour être plus efficace, doit investir plus massivement encore sur les nouvelles technologies. L’intelligence artificielle, par exemple, aujourd’hui adoptée par nombre de grands groupes, peine à s’imposer dans le vaste tissu des PME de l’Hexagone, qui n’en voient pas toujours l’intérêt ou jugent qu’elle représente un risque financier qu’elles ne souhaitant pas courir. Pourtant, c’est un outil puissant pour automatiser des tâches répétitives, mieux dialoguer avec ses clients ou réduire des coûts.
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